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Relations professionnellesRentrée 2020 : attention au perfectionnisme parental !

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Rentrée 2020 : attention au perfectionnisme parental !

C’est la rentrée ! Les premières semaines de la nouvelle année scolaire permettent aux parents de se roder sur l’organisation familiale. Du changement d’école aux nouvelles activités des uns et des autres, de la répartition des tâches parentales aux horaires du réveil matinal, tout est nouveau et tout se met en place à ce moment-là. La rentrée, pour les parents, c’est un peu comme un premier janvier. On prend des bonnes résolutions, parfois trop, on veut tout combiner, et on y croit ! Mais le rôle parental demande beaucoup d’endurance et parfois, nos ambitions sont mises à mal par nos limites.

L’équilibre parental étant essentiel pour le bonheur, du parent en lui-même cela va de soi, pour le conjoint, pour les enfants, pour le « groupe famille », c’est la première résolution à laquelle s’attacher !

La dérive d’une ambition parentale démesurée

Le parent de 2020 fait face à des pressions inédites, particulières. Les parents sont parfois épuisés et inquiets également pour eux-mêmes. Il arrive bien sûr que la frustration, les regrets et émotions négatives liés aux nombreux stresseurs inhérents à la parentalité d’aujourd’hui soient ressentis comme incompatibles avec la vision rose et édulcorée de l’image du parent. Alors, la souffrance est cachée, vécue comme un dysfonctionnement personnel, un échec. Je ne suis pas normal (e ), je ne prends plus aucun plaisir avec mes enfants, je ne pense qu’à dormir, je suis tellement épuisé(e ), à bout…
Comment vivre au mieux les nombreuses facettes de nos vies de parent ?
Tout combiner et ne pas s’oublier ?
Trouver des moments de plaisir avec ses enfants au milieu de la semaine ?
Ne pas se surcharger pour ne pas entrer dans un rôle parental ingérable ?

Il faut savoir que le parent perfectionniste n’a pas forcément le perfectionnisme comme trait de personnalité. Mais notre société nous pousse à adopter des standards élevés dans le domaine de la parentalité et notre « ambition parentale » tombe dans le perfectionnisme lorsque celle-ci, si elle n’est pas atteinte, en arrive à abîmer notre image de père ou de mère. Je n’arrive pas à tout gérer : la maison, le travail, les enfants, les devoirs, le foot du samedi matin, les relations avec mon ex, la garde partagée… je crie beaucoup, je m’use…. Je me réveille le matin en me disant qu’il faudrait que je range tous les placards mais je pleure en y pensant.
Déjà que je n’arrive pas à gérer ma vie, est-il vraiment possible que je sois un si mauvais parent ?
Ainsi, parfois, le parent, suite à un échec, en vient à renoncer à ses ambitions parentales et se distancie émotionnellement de ses enfants. Il s’agit d’un cercle vicieux qui fait que le perfectionnisme se maintient malgré ses conséquences négatives.

Le perfectionnisme est source d’épuisement et donc de souffrance.

deux femmes rient entre elles
deux amies dégustent une glace

Comment déceler le perfectionnisme parental?

Il est important, en ce début d’année, de relever ce qui relève du prioritaire, de l’essentiel pour chacun. Partir dans la mesure du possible de ses propres besoins est une bonne manière de tenir l’équilibre sur du long terme. Je sais que, sans sport, je n’arrive pas à me vider la tête et à me détendre ; alors tout le monde le sait à la maison, sauf cas exceptionnel, le mardi soir, maman/papa va faire du sport !

Il est également intéressant de décortiquer les situations « orageuses » ou très demandeuses d’énergie pour pouvoir réajuster avant de tomber dans un déséquilibre structurel.

Ma fille Camilla prend des cours de violon depuis un an et semble s’épanouir avec son instrument. Moi-même je prends beaucoup de plaisir à l’accompagner aux cours et je ressens de la fierté à la voir progresser. Seulement voilà, tous les soirs, lorsqu’il faut sortir l’instrument en question, c’est la guerre. Des cris et des larmes pour un archet mal posé, une main trop fermée, une note trop courte.
Je pourrais me poser la question de mon perfectionnisme ainsi :

Si je continue à faire travailler Camilla son violon tous les soirs

Conséquences positives : Des progrès plus rapides
Conséquences négatives : Plus de crispations, stress de voir arriver le moment du travail en question, peur que Camilla finisse par ne plus prendre de plaisir et rejeter la musique en général

Si je lâche sur le violon, en faisant travailler Camilla que lorsqu’elle le souhaite, avec une limite de 3 fois par semaine minimum par exemple

Conséquences positives : Plus de plaisir à partager ce moment avec elle
Conséquences négatives : Moins de progrès, peur que Camilla ne suive pas le rythme du groupe, peur qu’elle soit considérée comme « nulle » et que cela impacte sa confiance en soi

Je réalise ainsi que ce qui m’empêche ici de revoir mon standard à la baisse relève d’un frein très personnel lié à la peur de ne pas être à la hauteur.

Ce petit exercice peut être réalisé pour chacun des domaines où le parent relève un perfectionnisme : le couple, le travail, la famille, les amis, les soins accordés à l’enfant, l’entretien de la maison, l’alimentation, les apprentissages, les activités artistiques, les activités sportives, l’organisation de la maison, l’autonomie..

Remettre en question nos convictions les plus ancrées

On peut alors constater par soi-même que certaines de nos croyances pèsent de tout leur poids sur nos exigences dans le rôle parental et qu’il est bon de savoir les identifier pour s’en détacher. Ces convictions forgent notre perfectionnisme et sont souvent le fruit d’une histoire familiale et d’un chemin de vie.
On peut citer parmi les plus courants :

– Il est impératif de donner toujours le meilleur de soi ; il faut s’efforcer d’atteindre de maintenir un niveau de perfection très élevé.

– Il faut tout réussir pour être aimé ; si je faisais les choses moins bien, on ne m’aimerait pas.

– Je dois tout réussir parfaitement pour m’aimer ; si je faisais les choses moins bien, je ne m’aimerais pas.

– Le bien-être des autres passe avant tout ; chaque fois que c’est possible, il faut faire plaisir aux autres.

– Si je ne suis pas parfait (e ), on m’abandonnera pour quelqu’un de mieux.

– Il est plus simple de faire à la place des autres plutôt que de déléguer.

– Je suis meilleur ( e) que les autres, je dois le montrer et obtenir ainsi la reconnaissance que je mérite.

Remettre en question nos convictions les plus ancrées

Pour ne pas tomber dans le perfectionnisme dysfonctionnel qui met en péril l’équilibre personnel et familial, voici une check-list à avoir en tête, particulièrement en cette période de rentrée:

– S’engager dans des buts réalistes, savoir réévaluer des standards trop élevés.

– Ne pas se juger négativement lorsque les buts ne sont pas atteints. Parfois on y arrive, parfois on y arrive pas, et ce n’est pas une tragédie.

– Parvenir à se dégager de certains buts/ tâches. C’est à dire avoir le courage et le recul pour reconnaître que tous les objectifs que l’on s’est fixés ne sont pas essentiels, que nous ne sommes pas la seule personne sur terre à pouvoir accomplir cette tâche, que l’on peut déléguer.
– Investir de l’énergie dans des buts/tâches qui ne requièrent pas de performance. Faire en sorte que le plaisir dépende plus de l’intention que l’on met dans la tâche plutôt que du résultat.

Prenons garde aux premiers signes d’épuisement et gardons bien en tête que l’on peut être un parent imparfait sans être un mauvais parent pour autant !

Bonne rentrée à tous !